20 avril 2024

Tribune des militaires : une tempête dans un verre d’eau ?

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Depuis une quinzaine de jours, la classe politico-médiatique s’enflamme et se divise à la suite de la publication, d’abord le 14 avril sur le blog Place d’Armes (place-armes.fr) tenu par le capitaine Jean-Pierre Fabre-Bernadac, ancien officier de l’Armée de Terre et de la Gendarmerie, puis dans l’hebdomadaire Valeurs Actuelles le 21 avril, d’une « lettre ouverte à nos gouvernants » signée à l’heure où nous écrivons par une cinquantaine de généraux et d’amiraux à la retraite, et des centaines d’officiers et de sous-officiers, quasiment tous dégagés des cadres.

Dans cette tribune assez brève, ces militaires dénoncent le « délitement qui frappe notre patrie ». Selon les auteurs de cette lettre ouverte, cette décomposition du pays se manifeste d’abord à travers « un certain antiracisme, qui s’affiche dans un seul but : créer sur notre sol un mal-être, voire une haine entre les communautés. Aujourd’hui certains parlent de racialisme, d’indigénisme et de théories décoloniales, mais, à travers ces termes, c’est la guerre raciale que veulent ces partisans haineux et fanatiques. Ils méprisent notre pays, ses traditions, sa culture, et veulent le voir se dissoudre en lui arrachant son passé et son histoire. Ainsi s’en prennent-ils, par le biais de statues, à d’anciennes gloires militaires et civiles en analysant des propos vieux de plusieurs siècles. »

Deuxième cible de ces militaires à la retraite : « l’islamisme et les hordes de banlieue » responsables du « détachement de multiples parcelles de la nation pour les transformer en territoires soumis à des dogmes contraires à notre constitution. Or chaque Français, quelle que soit sa croyance ou sa non-croyance, est partout chez lui dans l’Hexagone ; il ne peut et ne doit exister aucune ville, aucun quartier où les lois de la République ne s’appliquent pas. »

Troisième et dernière dénonciation : la féroce répression des gilets jaunes par les pouvoirs publics : « la haine prend le pas sur la fraternité lors de manifestations où le pouvoir utilise les forces de l’ordre comme agent supplétif et bouc émissaire face à des Français en gilets jaunes exprimant leurs désespoirs. Ceci alors que des individus infiltrés et encagoulés saccagent des commerces et menacent ces mêmes forces de l’ordre. Pourtant ces dernières ne font qu’appliquer les directives, parfois contradictoires, données par vous, gouvernants. »

En conclusion, ces militaires appellent « ceux qui dirigent notre pays » à « trouver le courage nécessaire à l’éradication de ces dangers ». Pour cela, selon eux, « il suffit souvent d’appliquer sans faiblesse des lois qui existent déjà ». Critiquant ouvertement le pouvoir en place  « N’oubliez pas que, comme nous, une grande majorité de nos concitoyens est excédée par vos louvoiements et vos silences coupables »), les signataires de ce document affirment qu’ils sont « disposés à soutenir les politiques qui prendront en considération la sauvegarde de la nation » et que, si rien n’est fait, « le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant, au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national. On le voit, il n’est plus temps de tergiverser sinon, demain la guerre civile mettra un terme à ce chaos croissant, et les morts, dont vous porterez la responsabilité, se compteront par milliers. »

Contrairement à ce que prétend la gauche, Mélenchon en tête, il ne s’agit nullement d’une tentative de putsch. D’ailleurs, en général, un putsch ne s’annonce pas à l’avance, il se fait. Nous avons affaire là à des officiers légalistes et républicains bon teint, qui ont servi sans sourciller pendant toute leur carrière le régime en place, et croire que ces militaires retraités pourraient aujourd’hui ou demain réaliser un soulèvement, prendre le pouvoir relève de la science-fiction. On peut d’ailleurs fortement regretter que, devant le délitement et la déliquescence du pays dans tous les domaines, devant la trahison des gouvernements successifs depuis soixante ans au moins (pour ne pas remonter plus loin !), l’armée ne se soit pas encore soulevée, en dehors du putsch d’Alger qui malheureusement a échoué pour des raisons que nous n’analyserons pas ici. Plutôt que de textes, nous aurions besoin d’actions. Plus que des mots, il faudrait des actes. Et c’est bien ce qui manque hélas aujourd’hui comme hier.

La lettre ouverte de ces généraux n’est toutefois pas inintéressante et rappelle quelques vérités fort utiles. Elle est toutefois très modérée et incomplète, la situation du pays étant bien plus grave que ce qui est décrit. Car le chaos ne concerne pas seulement la question de l’antiracisme, de l’islamisme et des banlieues (c’est-à-dire en clair le problème de l’immigration extra-européenne et du Grand Remplacement), il s’étend à toute la société, aux familles largement décomposées, aux individus déracinés, sans repères et sans racines. Ces militaires n’évoquent pas la destruction de toutes les balises morales et spirituelles, l’apostasie universelle, la subversion de la société, la destruction systématique et obstinée des frontières physiques et morales, avec la propagande sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, la tyrannie globaliste avec ses confinements, ses couvre-feu, sa vaccination de masse et son pass sanitaire. Leur diagnostic est donc très parcellaire.

De plus, ils croient — ou feignent de croire — que la République pourrait résoudre, résorber les maux qu’elle a elle-même créés. C’est aberrant. Comment un pyromane peut-il être pompier ? C’est précisément la République avec son idéologie des droits de l’homme, son dogme égalitariste, son refus de toute discrimination, même naturelle et légitime, qui conduit à la destruction de la nation, de la famille, de la société, de la civilisation, de tout repère, de toute norme, de toute tradition. Les auteurs du texte demandent que « les lois de la République » soient appliquées dans toute leur rigueur mais c’est ne pas comprendre que ce sont précisément ces lois subversives et mortifères qui conduisent chaque jour davantage à notre ruine et au chaos. Ces militaires ont peut-être l’esprit de géométrie, mais ils ne semblent pas avoir l’esprit de finesse !

La France ne se meurt pas en effet de la non-application des lois républicaines, mais au contraire de leur mise en œuvre systématique. Elle se meurt des lois punissant l’incitation à la haine raciale qui empêchent toute résolution de la question vitale de l’immigration, tout débat libre et serein sur le sujet et surtout toute politique énergique et déterminée d’arrêt puis d’inversion des flux migratoires. Elle se meurt de la loi Veil qui tue dans l’œuf toute continuité historique et biologique de la nation française en organisant le massacre de masse des nouveau-nés dans le ventre de leur mère, par centaines de milliers chaque année. Elle se meurt de la loi Gayssot qui détruit nos défenses immunitaires en gravant dans le marbre des mensonges historiques, car en falsifiant le passé de notre pays et de notre peuple, on leur obstrue l’avenir, on les conditionne à la soumission, on les condamne à la servitude. Elle se meurt de la loi Pleven (et de ses nombreuses petites sœurs Lellouche, Perben, etc.) qui empêchent toute expression libre sur la question du Grand Remplacement, sur la défense de la morale naturelle et de la famille traditionnelle. Elle se meurt de l’électoralisme et du système démocratique qui interdisent toute mise en œuvre d’une politique de redressement et de renaissance nationale. Elle se meurt enfin de l’abaissement des caractères, de l’affaissement des volontés, de la perte du sens du bien commun, de la généralisation de l’égoïsme, de l’individualisme et de l’esprit de jouissance provoqués par la médiocrité générale inhérente à la démocratie moderne et mercantile.

Si l’on veut redresser la barre, il faut donc que le diagnostic soit juste et exhaustif, que la volonté soit ferme et le courage de chaque instant. Le courage de dire, et celui d’agir. Pour sauver ce qui peut encore l’être.

Jérôme BOURBON, RIVAROL N°3470 DU 5 MAI 2021

 

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